Sad Smileys

Recette du gâteau à la merde

Personne n’est parfait. Un être humain sans faiblesses, c’est comme une boite de chocolat sans chocolat à l’intérieur, ça n’existe pas. C’est comme aller au cinéma sans acheter de pop-corn, c’est vivre l’expérience à moitié. C’est comme enlever la peau de la banane avant de la manger, où est le challenge ?

J’ai longtemps refusé d’afficher mes sentiments au grand jour, privilégiant l’écriture comme unique moyen d’extérioriser ce qu’il se passait dans ma grosse tête. C’est un moyen d’expression que je trouve simple et surtout discret. Je peux écrire, consigner les textes et ne jamais m’inquiéter à ce qu’ils soient lus. Mais les temps changent. À l’heure du jour d’aujourd’hui, j’ai envie de parler du rapport que j’entretiens avec la notion de « déprime » et partager mon expérience autour de ce sujet que j’estime être encore trop tabou. Je parle bien ici de déprime et non de dépression. La dépression c’est une maladie et si je n’étais pas actuellement en train d’écrire depuis ma baignoire, l’ordinateur en équilibre sur une petite bouée, j’aurais touché du bois pour être certain de ne jamais la connaître.

Ces derniers mois, j’ai connu la fatigue, le sentiment de désespoir, la peur de ne pas réussir à atteindre mes objectifs, la solitude, le manque d’affection. C’est un cocktail bien pourri de mauvais sentiments dont l’intensité varie selon le temps et mes occupations. J’écris ces lignes dans un contexte où ma vie sociale reprend du poil de la bête, l’argent recommence à couler (pas à flot mais ça coule) et mon rythme de vie est plus structuré. Je remonte la petite pente, ce qui me donne davantage de hauteur pour faire le point avec objectivité sur l’année passée.

Car en un an, j’ai connu beaucoup de rebondissements dans ma vie, dont un déménagement à l’étranger qui a signé le paroxysme de mon passage à vide. Je me suis retrouvé seul, sans situation professionnelle stable, j’ai dilaté une bonne partie de mes économies pour m’installer. Je suis habitué à passer du temps loin de ma famille, mais pour la toute première fois, j’ai ressenti le manque lié à l’absence de mes amis. Unpopular opinion (c’est Twitter ici ou quoi ? 🤙🏻😜) : je trouve leur absence plus difficile à gérer que celle de ma famille. Je voyais mes amis tous les jours alors que je suis habitué à vivre loin de mes parents depuis longtemps.

J’ai longtemps culpabilisé de me sentir mal parce que dans la vie, j’ai toujours été chanceux. Je suis né beau, drôle, avec une voix grave constituant un avantage considérable lorsque sonne l’heure des parades nuptiales. Ma déprime ne découle d’aucun événement traumatisant. Elle est simplement le fruit de la vie faisant son travail, comme je fais le mien en combattant les mangeurs de raclette et les Bretons.

J’étais fatigué de devoir constamment faire des compromis, de devoir choisir entre les amis, les amours, l’argent, le travail et la satisfaction de faire ce qu’il me plaît. J’ai longtemps cherché à comprendre pourquoi c’était si compliqué de tout avoir en même temps jusqu’au point de devenir jaloux et admiratif des personnes pour qui tout semblait aller bien. Jusqu’à mes 25 ans, je ne ressentais pas le besoin de tout avoir. Quand je n’avais pas d’argent, je faisais des études entouré de bons et loyaux camarades et ça me suffisait. Quand des amis s’éloignaient sans que je ne comprenne pourquoi, être en couple me permettait de compenser plus facilement l’absence de ces relations. Mais depuis mes 26 ans, j’ai perdu mes avantages jeune, j’ai vécu une rupture, j’ai déménagé à l’étranger, je me suis éloigné de mes amis, je me suis retrouvé sans emploi et sans revenu. La vie a mis tous ces ingrédients dans un mixeur et m’a cuisiné un beau gateau à la merde. La différence, c’est qu’aujourd’hui je ne culpabilise plus de m’en resservir une part, parce que je me suis rendu compte que je n’étais pas seul dans cette situation. Au final, on est tous des petites victimes.

Ce qui est drôle, c’est que même si l’idée de cet article est née quand j’étais au plus mal, je l’ai majoritairement écrit à des périodes où ça allait mieux. Tout n’est pas encore parfait, certains jours sont moins joyeux que d’autres, mais comme je le disais un peu plus haut : le pire est passé.

Pour se vider la tête, certains utilisent le sport, la nourriture, la masturbation ou encore le 15ième étage d’un immeuble. Après avoir tout testé, j’ai observé qu’utiliser des mots, sur un blog (on est en 2005 ici ou quoi ? 🤙🏻😜), était la méthode la plus efficace. Cet article n’est qu’un constat de ma santé mentale, je ne suis pas certain qu’il apportera quoi que ce soit à ses lecteurs, si ce n’est un peu de réconfort pour ceux qui, comme moi, broient parfois du noir.

Un philosophe contemporain a récemment dit « Rien à foutre de ta dépression ! » mais je pense qu’il est au contraire très important d’en parler autour de soi. Il n’existe rien de pire que la solitude à des moments où le moral n’est pas à son max. Se sentir à côté de plaque c’est tout à fait normal. J’ai mis du temps à comprendre qu’il est important de bien s’entourer et de communiquer. Certes, le temps fait son travail, mais il n’est pas impossible de se tirer soi-même vers le haut. Une oreille attentive vaudra mieux qu’une part de gateau à la merde. À méditer…

Bob