J’ai cherché un appart à Paris, j’y ai laissé ma santé mentale

Le trajet fut long… Je reviens tout droit des enfers. Mesdames et messieurs, laissez-moi vous raconter l’incroyable histoire de ma recherche d’appartement à Paris.

En tant qu’habitant de province française (« ce qui n’est pas de Paris est de province » – un Parisien, septembre 2017), je n’ai jamais eu à déverser les 3/4 de mon salaire dans un loyer. Or, cette année, les choses changent.

Études obligent, il est grand temps pour moi de mettre un pied dans la capitale et d’y dénicher un appartement dès septembre. Ayant trouvé mon alternance à la fin du mois d’août je ne pouvais pas tomber sur pire période pour trouver un studio. Armé de courage et de détermination, j’ai commencé à préparer ma recherche en amont de ma visite à Paris :

Première étape, le budget.

Moyennant un revenu de 900€ net par mois (dû à mon salaire d’alternant), j’ai estimé qu’un loyer de 600€ maximum mensuel était le bon compromis.

Deuxième étape, le lieu de recherche.

Paris intramuros, of course.

Troisième étape, chercher des annonces.

Quelques jours avant mon départ, j’ai écumé les sites d’annonces tels que Leboncoin, Pap, Seloger et j’ai contacté le plus de propriétaires/agences possible.

Quatrième étape, on ouvre les yeux et on recommence

Alors oui, je me suis planté. Un studio intramuros, 600€ maximum ? J’ai trouvé, mais seulement des 9m2, en mauvais état et/ou mal desservis par les transports en commun.

©Michael Keaton on French TV

J’ai donc réservé des billets de train et me suis rendu à Paris quelques jours. Hébergé chez une amie, j’ai consacré mes matinées et après-midi à chercher et visiter des appartements (budget supérieur à ce que je m’étais fixé et recherche élargie à la banlieue parisienne). J’ai réussi à programmer quatre visites. C’était l’enfer.

La colocation

L’appartement que j’ai visité correspondait à mes critères initiaux : moins de 600€ et en plein centre de Paris. Une colocation ?  « Pourquoi pas » me dis-je. J’ai toujours été effrayé par la colocation, peut-être à cause de mon côté trop exigeant et maniaque ?
A peine ai-je franchi un pas à l’intérieur de l’appartement que j’ai su que je n’habiterai pas là : tout était bien rangé mais poussiéreux et sale. Le jeune qui me faisait la visite m’annonce fièrement que si je le souhaite, je peux aménager les pièces comme je veux : « tout ce qu’on a ici a été trouvé dehors. Si tu vois un truc sympa dans la rue, tu peux le prendre et le ramener. »

Entre moisissure dans la salle de bain et vitre du four doublée aux éclaboussures de sauce tomate, j’ai préféré passer mon chemin.

Bon, en vrai, j’ai quand même donné mon dossier. Back-up plan you know.

La douche

Petit studio de 20m2, au terminus d’une ligne de métro. Photos qui vendent quelque chose de plutôt sympa et douillet.
Arrivé sur place, l’appartement correspondait à l’idée que je m’en faisais. Mais… pas de salle de bain en vue. Des toilettes oui, mais c’est tout. Étrange…

Au moment où le room tour se termine, dans la cuisine, la propriétaire s’avance. « Et donc la cabine de douche… » Elle fait coulisser une porte. Surprise, la douche est là, encastrée dans le mur de l’espace cuisine.

Si un jour ma mère vient me rendre visite et souhaite cuisiner des saucisses, plus la peine d’aller à Carrefour.

Le bobo parisien

L’appartement est très bien situé, au coeur de Paris et refait à neuf. Il est très attrayant. C’est un 15m2. La propriétaire était très gentille, on a pris le métro ensemble et je suis persuadé que j’aurais pu aller nourrir les pigeons du parc voisin avec elle. Le loyer est de 800€. Next.

Ces visites me donnent mal à la tête. C’est là que réside toute la perfidie des studios parisiens, j’ai l’impression que chaque studio visité jusqu’à présent implique un compromis et qu’il faut choisir ce à quoi on veut renoncer : propreté, praticité ou porte monnaie. (J’allais appeler ça « les 3 P » mais c’est déjà copyrighté)

Le kebab du jeudi soir

Programmer la visite de cet appartement fut plutôt simple. J’ai envoyé un mail et j’ai reçu un message copié/collé « Les visites auront lieu entre 16h30 et 17h15 ». OK, j’ai compris, c’est une visite groupée.

J’arrive sur place une demie-heure à l’avance et je décide d’attendre un peu à côté du métro. Une dizaine de minutes avant le début des visites, je me rends à l’adresse qu’on m’a communiquée et…

Une vingtaine de personnes attendent déjà devant. Le temps d’attendre mon tour (on passe 3 par 3) et de visiter ce 17m2 dont le prix ne justifie aucunement la médiocrité des lieux, une vingtaine d’autres se sont déjà rajoutés.

L’appartement est une honte. Je ne laisse pas de dossier et je repars chez mon amie.

La première semaine est un échec cuisant. Que ce soit à cause des visites que j’ai eu du mal à programmer ou aux studios qui ne me plaisaient pas ou étaient trop chers, c’est raté. L’air de rien, tout ce petit manège m’a épuisé. Je hais les propriétaires parisiens. Ils ont conscience des taudis qu’ils s’apprêtent à louer à des prix au-delà du raisonnable mais ils savent qu’ils encaisseront un chèque à la fin du mois.

Non pas sadomaso mais dans le besoin, je repars à Paris quelques jours la semaine suivante pour continuer cette recherche.

La petite claque

Le premier appartement que je visite… est un coup de coeur. Vraiment. Tout a été refait à neuf. L’appart est lumineux, le coin cuisine pratique, beaucoup de rangement, un sol en parquet, une salle de bain de bon goût, un petit bar américain, le métro juste à côté. La classe totale.
L’appartement de 21m2 est à 820€ par mois. Mais pour la perle que j’ai devant moi, je peux me débrouiller et faire de grosses concessions financières, quitte à manger des pâtes neuf fois par semaine.

Le plus beau dans tout ça ? La propriétaire vient de la même petite ville de campagne que moi. Et ce n’est pas tout. Son père connait le mien. Quelle coïncidences. Elle me tutoie, on parle de l’appartement, je lui dis que je l’aime beaucoup. On rigole un peu, je lui pose des questions sur son parcours pro. Elle sur le mien.
A la fin de la visite elle me dit que d’autres personnes vont venir voir l’appartement mais que si je suis intéressé, que je lui dise avant 20h (il est 18h30). Elle me fait comprendre qu’elle me louera l’appartement.

Je quitte donc les lieux et croise dans l’escalier la prochaine personne qui vient visiter mon appartement. Il ne le sait pas, mais il va perdre 15 minutes de sa vie.

Bref.

Je vais boire un verre avec des amis et peu après 20h, mon téléphone vibre :

Je rage et je pense au meurtre.

Les dieux de l’organisation

Sur les conseils d’une amie, je me renseigne auprès de résidences étudiantes. Toutes celles qui m’intéressent sont déjà complètes ou bien trop chères. Toutes sauf une.

Cette résidence est neuve. Un tout nouveau bâtiment qui ouvrait mi-septembre dernier. Je fais une demande de dossier pour un studio d’une vingtaine de m2, 700€. Accepté.

Tout content, j’attends le mail de la résidence avec la démarche à suivre pour finaliser mon dossier. Sauf qu’au lieu d’un mail, je reçois un appel. Le monsieur au téléphone, un des responsables du système d’attribution des studios, m’informe qu’il y a eu une erreur informatique et que le studio que j’ai réservé a déjà été loué.

Flute. Il me propose alors un studio plus petit mais.. beaucoup plus cher. Je dis non. Une fois rentré chez moi, je leur envoie un mail pour les informer de leur incompétence (après deux semaines à chercher des appartements, mon cerveau chauffe).

Je pensais l’affaire terminée. Que nenni. Voilà que je reçois un nouvel appel de cette résidence. Cette-fois ci, on me propose un studio à 780€, 21m2. Je dis oui. Soulagé, on m’envoie un mail avec les pièces justificatives à fournir. J’envoie mon dossier.

Un de mes garants étant retraité (attention, ça devient technique), je n’ai pas ses bulletins de salaire à communiquer. Mais sur sa fiche d’imposition figure noir sur blanc la mention « revenus retraite » (ou quelque chose dans le genre). Mais il semblerait que ce n’est pas assez pour les gérants de la résidence. Je demande donc à mon garant de rédiger une attestation sur l’honneur stipulant qu’il est bien retraité. Ridicule mais nécessaire si je souhaite mener à terme mon dossier d’inscription.
Sous tension et stress depuis plusieurs jours, je commence sérieusement à m’impatienter. Je reçois un nouvel appel lors duquel on m’explique qu’il faudrait que je fournisse une preuve de plus concernant le statut de retraité de mon garant. Je bous. Je ne sais pas de quelle manière, mais mon garant trouve le moyen de fournir un énième papier pour enfin conclure la chose.

Jusqu’à présent je n’ai pas vraiment parlé des 300 pièces justificatives que les propriétaires parisiens demandent pour pouvoir louer un appartement. C’est un cauchemar.

J’envoie donc le fameux papier et on me dit « Parfait, je vous envoie le dossier à signer et à nous retourner le plus vite possible ». Hallelujah.
J’ouvre donc ma boite mail et…

J’ai l’appart ! Sauf que le contrat mentionne un loyer mensuel de… 859€. Et non pas 780€ comme annoncé. Je décroche une fois de plus le téléphone et on m’explique que le loyer que j’aurai à payer sera bien de 780€ les 9 premiers mois. C’est soit disant une réduction pour l’ouverture de la résidence. Mais après ces 9 mois, je dois payer 859€. Je meurs. Je décède.

Je souligne une fois de plus leur incompétence, les remercie pour mon garant dérangé pour rien et souligne, une fois de plus, leur sacré incompétence. Je ferme les yeux, je visualise leur résidence et j’appuie sur un gros bouton rouge imaginaire :

BONUS : le connard sexiste

J’ai appelé un propriétaire qui recherchait un deuxième locataire pour son appartement. C’était une colocation avec une étudiante.

Moi : Bonjour monsieur, je vous appelle au sujet de la chambre que vous louez.
Lui : Hmm oui mais ça va pas être possible ça.
Moi : Ah, pourquoi ?
Lui : Je cherche seulement des filles.
Moi : Je peux demander pourquoi ?
Lui : Ça entretient mieux les appartements que les hommes.

Moi : Vous savez que c’est pas vrai ce que vous dîtes ?
Lui : Si si, c’est prouvé.

Vieux connard. J’ai raccroché.

Après ces mésaventures et une énergie gaspillée inutilement, j’ai jeté l’éponge. Heureusement pour moi, ma mère m’a appelé pour me dire qu’une de ses connaissances pouvait me louer son appartement, en banlieue. J’ai dit oui et aujourd’hui, je ne le regrette pas.

Je suis tout de même curieux de savoir comment les autres étudiants ont fait pour trouver un endroit où dormir.
Trouver un appartement à Londres était encore plus simple qu’à Paris (capitale de mon propre pays).

Trouver un appartement à Paris a été chose fatigante et stressante. Cette ville est un enfer, vraiment.

Et ces propriétaires, quelle sacré bande de

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Bob