J’ai été caissier et voilà pourquoi vous êtes un client chiant

Puisqu’un été sans emploi saisonnier n’est pas un vrai été (et aussi parce que j’ai besoin d’argent), j’ai travaillé un mois en tant que caissier dans un supermarché. Et j’en ai conclu une chose : le client est chiant.

Avant d’expérimenter le métier, j’avais une certaine idée du quotidien des caissières : passer la journée derrière la caisse, attendre un client puis nonchalamment passer au suivant. Mais d’un côté, faut les comprendre. Du monde, elles en voient passer. Et pas que du beau.
On perçoit souvent le métier de caissière comme un métier sans ambition (qui n’a jamais entendu le fameux « Tu vas terminer caissière » ?) mais détrompez-vous. Certaines de mes collègues (je n’ai travaillé qu’avec des caissières et pas de caissiers) ont exercé d’autres métiers : secrétaire, directrice d’agence de communication ou vendeuse dans une boutique par exemple. Et puis être caissier c’est être vigilant à longueur de journée, vis à vis de l’argent qu’on touche ou des clients. Je pense notamment à ma responsable qui manipule l’argent des caisses dans le coffre du supermarché : une vraie calculatrice humaine.

Bref, comme dit précédemment, en tant que caissier on voit du monde défiler toute la journée. Ça pourrait être sympa sauf que la majorité du temps, le client est chiant. Oui, VOUS êtes chiant. Ça fait partie des choses avérées, comme les vieux du samedi matin, qui attendent devant les portes que le magasin ouvre. Je ne suis pas le seul à le dire :

Ci-dessous un petit listing de ce qui fait de vous un client chiant. Malheureusement, cette liste n’est pas exhaustive.

Vous êtes fainéant
D’une part, parce que quand vient le moment du paiement et que vous avez à disposition une multitude de pièces rouges et jaunes, au lieu de les compter vous-même pour faire l’appoint, vous nous tendez votre poignée d’oseille et nous balancez un « Je ne sais pas compter/Je ne sais pas combien j’ai/J’ai la flemme de compter».

Autre exemple, vous « oubliez » de vider les sacs que vous déposez sur le tapis roulant. Du coup, c’est à nous de les ouvrir et de les vider pour scanner les articles. Quand il n’y a personne derrière vous, à la limite, je veux bien le faire à votre place. Mais quand la caisse est bondée, mon dieu, que c’est irritant.

Vous êtes un assisté
Dès qu’on vous demande quelque chose, j’ai l’impression qu’on vous demande la lune : par exemple mettre un séparateur entre vos articles et ceux de la personne qui suit. Ou faire avancer votre caddie pour que la personne derrière vous puisse commencer à déposer ses articles.

Dédicace à cette septuagénaire à qui j’ai demandé de remplir à la main son chèque (au passage, arrêtez de payer par chèque, c’est chiant) parce que la machine ne le prenait pas et qui m’a gratifié d’un « Tss, il faut tout faire soi-même ici ! ». Dois-je te rappeler que j’ai vidé ton putain de sac isotherme 30 secondes plus tôt ?

Vous nous engueulez quand on oublie de vous demander la carte de fidélité. C’est trop compliqué d’y penser vous-même ? En plus, s’il y a bien une phrase que je répète une centaine de fois par jour, c’est bien « Vous avez la carte du magasin ? ».

Vous n’êtes pas drôle
Un petit thread des blagues qu’on me sort à longueur de journée :

– Quand ma caisse est vide et que le client arrive : « Ah ! Vous vous ennuyiez ? » ou alors «  Ah ! Vous m’attendiez ? ».

– Quand un article ne passe pas ou que le paiement par carte ne fonctionne pas, en plus de faire patienter toutes les personnes derrière vous, vous osez dire « Aujourd’hui, c’est gratuit ! » ? Non.

– « Je vous donne le ticket de caisse ? » Réponse « Oui monsieur, je le garde pour mon assurance ».

– « La carte de fidélité ? » Réponse : « Non, je suis pas fidèle. ».

Vous nous racontez votre vie
Non, savoir que cet article est deux centimes moins cher chez la concurrence, je m’en tamponne. Savoir que votre chien préfère les croquettes au lapin que celles au boeuf, aussi.

Vous êtes sexiste
Une chose dont j’ai pris conscience en travaillant dans un supermarché, c’est du sexiste omniprésent de certains clients. Je ne parle pas du « Oh, vous êtes un garçon caissier ? » qu’on me sort assez souvent. Je parle du sexisme envers mes collègues caissières, gratifiées chaque jour par des vieux et des moins vieux d’un « Bonjour ma jolie », « Vous êtes mignonne ! », « Je serais bien passé à votre caisse mais il y a trop de monde ! ».

Vous êtes lent
Certains clients qui ne sont visiblement pas pressés me lancent une remarque désagréable quand je commence à scanner leurs articles alors qu’ils n’ont pas tous été déposés sur le tapis. « Attendez avant de biper hein ! Sinon je vais devoir me dépêcher pour ranger après ! ».

Pour remédier à votre lenteur, j’ai développé une petite astuce : vous lancer le fameux « Bonne journée/Au revoir » avant que vous ayez terminé de ranger vos affaires. Je le vois à vos têtes, ça vous panique. Et vous virez même au blanc quand vous entendez le « bip » annonciateur du scannage des articles du client suivant. Délicieux à voir.

Vous nous prenez parfois pour des idiots
Quand vous faites une bêtise, assumez-là. Quand vous voulez contourner les règles, soyez imaginatif. Pas comme ce monsieur qui a essayé de rentrer dans le magasin en passant par les caisses. Je l’interpelle pour lui indiquer l’entrée. Ce à quoi il me rétorque qu’il passe par les caisses « parce qu’une personne handicapée l’attend dans la voiture ». Moi :

Vous n’êtes pas cool
Nous souhaiter un bon week-end quand on travaille tout le week-end ? Nah. Encore moins quand vous nous le souhaitez le dimanche à 12h.
Souhaitez-nous plutôt bon courage ! Ça, c’est sympa et ça nous montre que vous compatissez.

Bref, un conseil : méfiez-vous !
Selon la devise, le client est roi. Mais ne testez pas trop nos limites. Déjà parce qu’on est une équipe solidaire, que si quelqu’un vient nous faire chier, les autres caissiers seront là pour nous soutenir, et puis il y a des petits trucs qui peuvent facilement influencer votre humeur :

– Même si je vois à votre tête que vous avez plus de 18 ans, je peux toujours vous demander une pièce d’identité quand vous achetez de l’alcool.

– Je peux écraser vos paquets de chips ou de mie de pain au moment de les scanner.

– Je peux vous demander de me montrer l’intérieur de TOUS vos sacs.

Alors, vous en dîtes quoi ? Hein ? TRY ME BITCH!

Je m’emporte.

Je vais terminer cet article en relativisant et en disant que tous les clients ne sont heureusement pas comme ça. Pour être honnête, vous nous faîtes même rire parfois. Comme ces personnes âgées qui me demandent si elles peuvent utiliser leur carte et payer avec le wi-fi (au lieu du sans contact).

Et puis vous me vouvoyez. Même vous, clients moins âgés que moi. Et ça fait du bien. J’ai l’impression d’être respecté. D’être un homme. Un vrai.
Chose que j’ai presque oubliée, puisque je suis caissier.

lol

Bob